Comment le 11 septembre, IndyMedia et un livre ont changé ma vie pour toujours
Un parcours personnel à travers l’anarchisme dans l’Amérique post-11 septembre, une plongée dans les médias alternatifs, et la découverte du cinéma comme outil de résistance — le début de ma vie anti-carrière de cinéaste anarchiste et rebelle.
FRANK'S BRAIN
Franklin López
2/14/20242 min temps de lecture
En l’an 2001, j’ai découvert que j’étais anarchiste. Pas d’une manière spectaculaire, comme dans un montage de film — juste moi, observant le monde après le 11 septembre, regardant le gouvernement américain se lancer dans une machine de mort impériale, et pensant : « Mouais, quelle absolue connerie! » Alors, comme toute personne sensée, j’ai rejoint le mouvement antiguerre. À l’époque, j’étais à Atlanta, en Géorgie, où le milieu de la résistance était en pleine effervescence.
Atlanta avait un centre IndyMedia actif, qui, pour les non-initiés, était en fait un centre de médias underground géré par des activistes en manque de sommeil, avant que les médias sociaux n’existent. C’était à l’époque où télécharger une vidéo ne se résumait pas à cliquer sur un bouton — c’était tout un processus! IndyMedia faisait partie d’un réseau mondial où les gens documentaient les manifestations, téléversaient des fichiers audio et vidéo et faisaient généralement chier les autorités. Comme j’avais déjà quelques compétences en montage vidéo et mon propre matériel, j’ai commencé à faire des vidéos pour documenter ce qui se passait dans les rues.
C’est ainsi que j’ai rencontré mes premiers anarchistes — ce couple américano-tchèque qui a été incroyablement patient avec mes questions idiotes et mon pacifisme persistant. Ils n’ont pas levé les yeux au ciel (du moins pas devant moi) et ont au contraire passé de longues soirées à m’expliquer calmement les idées anarchistes, alors que je demandais probablement quelque chose de ridicule comme « Mais qui construira les routes? » Puis, ils m’ont tendu un livre — Days of War, Nights of Love de CrimethInc. Et ouf, ce livre était autre chose... La plupart des livres anarchistes que j’avais vus à l’époque avaient l’air d’avoir été photocopiés dans le sous-sol d’on-ne-sait-qui, mais celui-ci? C’était un vrai livre. Relié de façon professionnelle, bien conçu, il ne se lisait pas comme un manifeste aride, il était poétique, rebelle et vraiment amusant à lire.
Ironiquement, le livre avait une adresse CrimethInc. à Atlanta, dont j’ai découvert plus tard qu’il s’agissait de la maison de la mère d’un gars. Classique. Quoi qu’il en soit, en le lisant, j’étais aussi éperdument amoureux, et un chapitre – « Join the Resistance, Fall in Love » — m’a frappé de plein fouet. Alors, naturellement, j’ai fait ce que tout artiste trop passionné ferait : j’en ai fait un film de 17 minutes. Il y avait des acteurs, une vraie narration et, oui, une scène de sexe — alors, ne le regardez pas au travail, à moins que vous ne vouliez être convoqué au bureau des ressources humaines. Avec le recul, c’est un peu mélodramatique, mais à l’époque, j’en étais vraiment fier. Et je le suis toujours. C’était brut, c’était vrai et ça disait quelque chose.
Ce film a marqué un tournant pour moi. Il m’a fait comprendre que je n’étais pas intéressé par une carrière traditionnelle en cinéma — je voulais utiliser les médias pour lutter pour la liberté, pour diffuser des idées anarchistes et pour secouer la cage. Join the Resistance, Fall in Love a été projeté dans un grand nombre d’endroits, gravé sur des DVD (vous vous souvenez de ça?), et a finalement marqué le début de mon anti-carrière en tant que cinéaste anarchiste rebelle. Et je ne voudrais pas qu’il en soit autrement.
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Un projet international de cinéastes désireux d’amplifier les luttes pour la libération.
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